En tant que directrice des services pédagogiques, j’ai pu observer que plusieurs parents font des demandes d’accommodement ou d’adaptation pour répondre à un besoin spécifique de leur enfant, notamment des aménagements d’horaire, des changements de cours optionnels, de groupe ou de niveau (régulier vs enrichi).

En nous inspirant des différentes visions de l’éducation présentes dans la littérature, la recherche et l’actualité, alliées à l’observation de la réalité dans le milieu, une idée a surgi : concevoir, au-delà des approches pédagogiques centrées sur l’élève, une organisation scolaire flexible qui répond aux besoins personnalisés des élèves. 

Nous pensions au départ aux élèves qui ressortent du lot pour différentes raisons : élèves surdouées, élèves athlètes avec des contraintes d’horaire, élèves avec des difficultés d’apprentissage ou ayant des problèmes de santé physique ou psychologique, notamment. Toutefois, nous avons remarqué que cette offre d‘organisation scolaire plus flexible s’avèrerait être en continuité avec les principes de l’école alternative, ce qui a fait émerger une autre clientèle ayant de l'intérêt pour cette approche.

L’élément déclencheur résidait dans notre désir de nous adapter au monde actuel et de trouver une réponse à une problématique au sein de notre organisation. Le Laboratoire du changement a ainsi été proposé comme méthode d’intervention et est devenu l’outil pour gérer ce changement d’envergure.

Cette méthode d’intervention est axée sur la capacité d’action dans le développement d’un nouveau concept, impliquant un apprentissage individuel et collectif, un dialogue, et donc le développement d’une vision partagée et une rétroaction continue et collective. Il s’agit de former une équipe de travail composée de praticiens et d’experts de la méthode. Les membres de l’équipe utilisent alors des outils de réflexion pour construire une réflexion collective tout en confrontant les idées de tout un chacun, passant de l’abstrait au concret.

Dans le Laboratoire du changement, l’expert de la méthode d’intervention a comme intention de provoquer et de soutenir un processus de transformation vécu, dans ce cas-ci, par les enseignant(e)s. Ces derniers font face à une problématique qu’ils analysent pour mettre en place de nouvelles solutions, non présumées au départ. Comme il revient aux enseignant(e)s de mettre en action les changements et à transformer leurs pratiques éducatives, il est intéressant de procéder à une intervention leur remettant leur capacité d’action entre les mains dans le développement de la solution, tout en centrant le travail sur le processus de changement.

Les deux modèles d’organisation scolaire, soit le modèle déjà en place et le nouveau modèle envisagé, plus souple, devaient coexister au PSNM. Considérant le nombre restreint d’élèves et d’enseignant(e)s touchés par le changement, nous aurions pu parler d’un changement mineur. En revanche, pour les enseignant(e)s assigné(e)s au nouveau modèle, il s’agissait réellement d’un changement de l’ordre de la transformation, car ce qui était envisagé était de transformer le modèle prévalant en un nouveau modèle d’organisation scolaire, provoquant ainsi une rupture entre l’avant et l’après.

L’implantation de la formule FLEX s’est faite au début l’année scolaire 2019-2020, avec les nouvelles élèves de 1^ere secondaire inscrites dans cette nouvelle organisation scolaire. Par conséquent, la rupture a été évidente pour les enseignant(e)s et les élèves concernées. Pour l’école, l’implantation du nouveau modèle d’organisation scolaire s’est effectuée de manière graduelle, ne débutant qu’avec un seul groupe. En 2020-2021, ce groupe a poursuivi en 2^e secondaire. Ces groupes évolueront jusqu’en 5^e secondaire, en ajoutant un groupe de plus chaque année.

En conclusion, le Laboratoire du changement est une méthode d’intervention conçue pour gérer dans une organisation un changement de l’ordre de la transformation. Cette méthode favorise le développement de l’autonomie et de l’agentivité des enseignant(e)s pour mieux les outiller et susciter leur engagement.

Il me semble que la solution, du moins pour certaines problématiques, celles qui émergent du milieu notamment, doit provenir des personnes qui vivent au quotidien dans l’organisation, afin que les contraintes issues du terrain soient comprises dans le développement de la solution.

Nous pouvons affirmer que, sans prétendre qu’une autre méthode n’aurait pas fonctionné, l’utilisation du Laboratoire du changement a mené à l’implantation concrète et réussie de la formule FLEX au PSNM. Depuis sa mise en œuvre, plusieurs dizaines d’élèves ont le plaisir de faire leurs apprentissages dans ce concept éducatif renouvelé qui semble répondre à des besoins, car la demande pour la formule FLEX est grandissante.

Extraits tirés de l’article Le Laboratoire du changement comme méthode d’intervention pour la gestion d’un changement en éducation, rédigé par Jessika Valence dans la revue scientifique et professionnelle Enseignement et recherche en administration de l’éducation (ERAdE). Vol 3, n◦1, 2021